« Le vitrail est un art ancré dans un lieu, c’est le rêve de rendre l’art quotidien. C’est un art humble aussi : l’artiste verrier se met au service du lieu et de ses habitants. La verrière créée n’est pas un soliste : c’est un instrument dans un orchestre. Elle entre en résonnance avec le bâtiment, elle le complète ou le sublime. Le vitrail s’adapte à l’architecture, compose avec elle, avec l’âme de l’endroit et avec ses contraintes aussi, ses conditions de lumière. Les contraintes sont souvent fécondes, elles sont un cadre qui incite à trouver des réponses. Chez le particulier, la création d’un vitrail est avant tout un dialogue, la rencontre avec une attente, et parfois une idée de départ, que l’on précise ensemble.

Si les arts décoratifs ont été quelque peu écartés de l’architecture au cours du vingtième siècle, je crois fermement en leur retour, car ils sont une façon de nous approprier le bâti avec fantaisie et liberté. Enchanter, surprendre, élever le quotidien, voici la mission des artistes verriers.

Et cette mission est un héritage. Elle vient, pour ma part, d’une double filiation : mes origines nancéennes m’ont amenée très tôt à me passionner pour l’Art nouveau, et à apprécier l’effort fait par des maîtres-verriers tels que Jacques Gruber ou Joseph Janin, pour regénérer leur art et le mettre au diapason de leur époque. Par la suite, j’ai découvert l’œuvre de Friedensreich Hundertwasser, peintre et bâtisseur à la fantaisie profondément humaniste. A leur exemple, je cherche aujourd’hui à aborder chaque projet avec une grande sincérité artistique, et à créer des lieux qui soient positifs pour leurs habitants. »